Matten - Imperial PsaïkoDeclik

Dégustation : Imperial PsaïkoDéclik, Brasserie Matten

Dégustation : Imperial PsaïkoDéclik, Brasserie Matten

“Toujours plus loin, plus fort, plus viiite, jusqu’au bout de l’extrême limiiite !” Voilà, en dehors du fait que je souhaites désormais ne plus être le seul à avoir ce générique télévisé culte de la honte en tête durant les 48 prochaines heures, il s’agit-là d’un parfait petit résumé de ce que représente l’Imperial PsaïkoDéclik, le dernier nectar en date du côté de la brasserie Matten.

Matten - Imperial PsaïkoDéclik

Double détente

Comme son patronyme le laisse habilement sous-entendre, l’Imperial PsaïkoDéclik n’est autre qu’une version boostée de leur PsaïkoDéclik que vous connaissez peut-être déjà. Si le modèle de base est une Pale Ale somme toute traditionnelle au houblon alsacien Striesselspalt, la bière qui nous intéresse aujourd’hui prend la forme d’une Double IPA (ou Imperial IPA, c’est pareil) dont le houblonnage ne fait pas dans la dentelle. En complément, le taux d’alcool passe quant à lui de 5,2% alc. à 7,5% alc. histoire d’arrondir les angles de l’amertume.

Mosaic, Cascade et Simcoe pour la partie brassage pur, et le fameux Citra pour ce qui est du houblonnage à cru (ou “Dry Hop” comme on le dit si bien de l’autre côté de la Manche, de l’Atlantique… ou même chez nous en fait). Du bien beau monde que voilà comme pourront l’attester les connaisseurs.

Mais là où l’on peut sourciller en lisant l’étiquette qui ne manque pas de superlatifs et autres excès prosaïques (la marque de fabrique du sympathique brasseur Jacques), c’est l’adjectif “Cryo” qui accompagne le nom du houblon Simcoe. “Simcoe Cryo” ? Pas de panique, rien de vilain ne peut vous arriver.

Habituellement et pour faire simple, les brasseurs utilisent les houblons sous 2 formes classiques :

  • En cônes (qui n’est autre que la fleur séchée issue d’un plant femelle).

« Coucou, c’est nous les cônes. »

  • En pellets (des cônes broyés et compactés).

« Salut, nous on est des pellets, t’as vu ? »

Eh bien les houblons dits “Cryo”, c’est un peu la nouvelle tendance venues des États-Unis, mais qui n’est pas encore excessivement répandue, même là-bas. Il s’agit d’une nouvelle méthode de traitement du houblon qui consiste à extraire sa lupuline et ses huiles à très basse température sous une atmosphère riche en azote afin d’éviter toute trace d’oxydation. L’intérêt de la chose est donc de récupérer les éléments essentiels des houblons dans des conditions idéales afin d’exploiter aux mieux leurs caractéristiques. Concrètement, ce qui intéresse les brasseurs ne sont pas les parties verdâtres du cône, mais la lupuline, cette petite poudre jaune qui se cache entre chaque rangée de “pétales”.

Du coup vous l’aurez compris, les houblons cryo c’est vachement bien.

Techniquement parlant, ces machins s’apparentent à des pellets mais avec une plus forte concentration en résines. Désolé pour ceux qui s’imaginaient déjà voir un brasseur affublé d’une combinaison de cosmonaute pour manipuler le bazar sans risquer de se transformer en Mister Freeze géant…

Préambule préventif

Matten - Imperial PsaïkoDéclik

Tout d’abord, que les novices en bières houblonnées se rassurent : ce n’est pas parce que c’est Double (ou Imperial) que ça déchausse des molaires. Au contraire, les Double IPA (ou DIPA pour les intimes) sont même plus douces que les IPA standards en terme d’amertume ressentie. En effet, si la dose de houblon est plus importante, le taux d’alcool l’est également, ce qui permet de développer ce que l’on appelle “l’amertume relative”. Pour schématiser rapidos : plus une bière monte en alcool, plus la perception de son amertume s’amenuise.

C’est pour cette raison qu’il est un peu ridicule de voir un brasseur se vanter d’avoir fait une bière à 250 IBU (pour International Bitterness Unit, l’unité de mesure de l’amertume), ce qui est outrageusement amer, alors que le degré d’alcool élevé le compense aisément. Pour exemple: une bière à 100 IBU titrant à 4% risque de vous faire rentrer la chemise dans le rectum, alors que 100 IBU à 8%, ça passe crème.

Fiche technique de l’Imperial PsaïkoDéclik

Matten - Imperial PsaïkoDéclik

  • Bière de style Double IPA,
  • 7,5% alc.,
  • Malts : Pale Ale,
  • Houblons : Mosaic, Cascade, Simcoe Cryo, et Citra en houblonnage à cru
  • Bière de fermentation haute.

Dégustation

Matten - Imperial PsaïkoDéclik

Bon, pour le coup j’étais un peu hors-sujet au chapitre précédent avec l’Imperial PsaïkoDéclik, puisque celle-ci est estimée à 35 IBU par Matten, soit l’équivalent de l’amertume d’une bière tout ce qu’il y a de plus classique si je puis me permettre ce comparatif totalement hasardeux et superficiel.

Ce breuvage plus doux qu’il n’y paraît sur le papier arbore ainsi une couleur cuivrée pas tout à fait limpide, et dispose de pas mal de petite particules en suspension. La bière n’étant pas filtrée et les houblons étant présents en masse, ce n’est pas si surprenant que cela. Mais je vous rassure, on a pas l’impression de mâchouiller du gazon pour autant puisque ces corps étrangers ne se ressentent absolument pas en bouche. De son côté, la mousse se montre généreuse sur la forme, et tenace sur la durée.

Comme l’on est en droit de s’y attendre, le nez est très puissant. C’est très houblonné avec du résineux bien agréable en dominante, et des notes de fruits rouges qui viennent ensuite en renfort. Ouaip, on sent clairement qu’il y a du monde là-dedans, c’est assez enivrant, et surtout ça donne envie de s’en mettre plein le gosier.

Là encore l’Imperial PsaïkoDéclik ne déçoit pas avec une bonne rondeur en bouche grâce à ses arômes de caramel qui sont vite rattrapées avec tact et délicatesse par les houblons. L’ensemble est beaucoup plus aromatique qu’amer avec des flaveurs très fruitées mêlant orange, pêche et mangue. Après tout ça, l’alcool se fait légèrement sentir histoire de nous rappeler que nous ne buvons pas du p’tit lait.

A l’instar de son Imperial Black IPA, Matten nous refait ici le coup du discours sévèrement burné quant aux composantes et aux intentions de son breuvage qui se révèle être plus doux et délicat que vendu sur l’étiquette. Pour sûr, cette Imperial PsaïkoDéclik est une très bonne Double IPA bien aromatique et bien équilibrée dans laquelle il serait fort dommage de ne pas tremper ses lèvres. Validation totale.

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