Un petit tour chez les grands : Brasserie Meteor
En voilà un titre bien curieux… Grands ? Brasserie Meteor ? Mais que ces mots peuvent-ils bien venir faire sur un site dédié à la bière artisanale alsacienne ? Hé bien l’occasion m’a été donnée de faire le tour (tout le tour !) de la célèbre brasserie indépendante et familiale alsacienne, et étant une âme curieuse par nature, il n’était pas question de refuser. Allez, embarquez avec moi chez un gros du secteur.
Grande petite ou petite grande ?
Avec une production annuelle de 500 000hl, un chiffre qui a de quoi donner les tournis comparé à ceux que l’on lit habituellement sur ce site, la brasserie Meteor a clairement le pied dans le monde industriel. Elle produit au moins 10 fois plus de bière que toutes les micro-brasseries alsaciennes réunies. En revanche, elle produit plus de deux fois moins que la brasserie Licorne, et 10 fois moins que les mastodontes H et K. Est-ce donc une grande petite brasserie ou une petite grande brasserie ? À vous de trancher.
Ce qui est certain, c’est qu’elle est la seule industrielle alsacienne encore familiale et indépendante. La même famille (les Haag) est aux commandes depuis 8 générations, et la relève est déjà assurée. C’est également la brasserie en activité depuis le plus grand nombre d’années en France. Ses débuts remontent à 1640, et elle brasse en continue depuis. Pour le reste de l’histoire de la brasserie Meteor, je vous laisse en confidence avec son site Internet : histoire de la bière Meteor.
La brasserie Meteor aujourd’hui ?
Comme le montre le schéma ci-dessus tiré du dossier de presse 2017 de la brasserie Meteor, l’entreprise se dote d’une image de marque et d’une communication moderne et stylisée. En donnant un coup de jeune à son image, Meteor tente de garder un pied dans le monde de la bière produite à plus petite échelle, où il est bien plus courant de croiser des étiquettes au design travaillé et à l’image de marque moderne et un peu « hype ». On pense notamment à toute l’image de marque de la brasserie Sainte Cru ou aux séries spéciales de la brasserie Bendorf, pour citer des petits locaux.
En complément de cette image de marque moderne, et toujours inspirée par le travail des brasseries artisanales, Meteor s’est dotée d’une équipe R&D en place depuis bientôt deux ans, et dont le but est de créer 3 bières éphémères par an. Attention, on ne parle pas ici de déclinaisons de Meteor Lager avec 0,5% alc. en plus ou une couleur légèrement différente. Non, Meteor ose des choses un peu plus corsées, qui sortent de son terrain de jeu habituel. Ont ainsi été créées, jusqu’à ce jour :
- Hop Star : bière houblonnée au houblon alsacien Mistral, fermentation basse (6,1% alc.),
- Ink : Baltic Porter à 6,7% alc.,
- Supernova : bière blanche houblonnée au Strisselspalt et au Cascade, fermentation haute (5% alc.),
- Fusion : bière de haute fermentation aux épices (poivre sauvage de Madagascar et baie de Timur, 5,9% alc.),
- God Save the Quince : bière au jus de coing (6,5% alc.).
On peut souligner l’audace et le pari pris par cette grande, de proposer à sa clientèle des styles de bière un peu plus modernes, quite parfois à « choquer » ces derniers. D’un point de vue personnel, mon palais habitué aux styles impérieux en tous genres (Imperial IPA, Imperial Stout, Sour Beer, etc.) n’est qu’assez peu réceptif à ces innovations qui restent bien timides en goût à côté de ce que sont capables de créer les micros. Mais j’appuie la démarche. Après tout, chacun sa spécialité, n’est-ce pas ?
Bref, pour en revenir à ce pôle R&D (recherche et développement, au fait), c’est justement grâce à l’une des personnes y travaillant que j’ai eu l’occasion, et même la chance, de pouvoir faire le tour de la brasserie.
Comment que ça fonctionne, une grande ?
Plusieurs heures auront été nécessaires pour que l’on visite l’ensemble des salles de la brasserie, et il faudrait sans doute plus d’une demie journée pour prendre le temps de discuter de tout ce que l’on voit à l’intérieur des murs de la brasserie Meteor. Impressionnant pour une personne comme moi qui a l’habitude des micro-structures et qui bosse dans une petite brasserie.
Nous avons commencé le tour par la salle de brassage. C’est celle que l’on voit souvent sur les photos de la brasserie circulant sur le net. L’habillage est en cuivre, mais l’intérieur des cuves est en Inox depuis quelques années. Tout ce beau matériel est commandé de manière automatique par un opérateur depuis ses ordinateurs.
La brasserie Meteor a la capacité de produire 3000hl de bière par jour. À titre de comparaison, c’est à peu près la production annuelle de la brasserie Perle à Strasbourg. Impressionnant ! Pour cela, 10 brassins de 300hl s’enchaînent jour et nuit, et 4 brassins sont produits en parallèle (chaque brassin occupant une cuve de brassage différente).
Suite de la visite avec un petit passage par la cave à houblon, elle-même occupant plus d’espace qu’une brasserie du type de G’sundgo. Le houblon alsacien représente l’écrasante majorité du houblon utilisé ici. Ensuite, on traverse par le laboratoire de la brasserie. Il a plusieurs utilités : culture et propagation des souches de levure, analyse et suivi des brassins réalisés, et enfin aide à la R&D pour la conception des bières éphémères ou l’amélioration des bières existantes. Un espace rêvé par une grand nombre de petites brasseries.
On enchaîne en passant sur les cuves de fermentation de 3000hl. Celles-ci sont installées à l’extérieur des murs mais la partie cylindro-conique se trouve dans les bâtiments. C’est là que se passe le gros du travail humain. C’est également dans cette immense pièce que la brasserie Meteor stocke son HopGun de marque allemande BrauKon. Un beau joujou permettant à la brasserie de faire des Dry-Hopping, même si cela reste pour l’instant une activité anecdotique. Enfin, on trouve non loin du HopGun quelques fermenteurs de « petite taille » (5hl) et toute la machinerie pour embouteiller de petites quantités, dans le cadre de la R&D.
Avant de terminer par les gigantesques salles où la bière est mise en bouteille et en fût, nous sommes passés par les anciennes caves de garde de la brasserie Meteor. Sans doute mon coup de coeur de la visite. Etonnant sachant qu’il ne s’agit que d’un enchaînement sous-terrain de vieilles cuves en ferraille à l’abandon depuis plusieurs dizaines d’années, mais quelle présence ! On fait ici un bond dans le passé. Cependant, je serai sans doute une des dernières personnes à visiter ce lieu historique et insolite puisque la brasserie est en train de tout démonter et tout vider pour y installer de nouvelles activités avec des technologies plus modernes.
Impressionnant, non ? Ce n’était pas sans me rappeler un article que j’eu écrit il y a fort longtemps sur la visite des sous-sols d’une ancienne brasserie parisienne : un peu de lecture ici. Bref… Fin de la visite en passant par les salles d’embouteillage et d’enfûtage dans lesquelles la cadence est infernale et le bruit l’accompagnant l’est… tout autant. ^^
En résumé, une expérience vraiment incroyable, pour laquelle je remercie vivement Sébastien (qui m’avait déjà fait visiter la brasserie Uberach) pour son temps et ses explications. Tout ou presque diffère des procédés employés par les petits, même si l’esprit et la finalité sont les mêmes.
À l’exception d’une pinte de Meteor Pils de temps en temps et de la découverte des nouvelles séries éphémères, je ne vais pas devenir un fan de Meteor, mais il est vrai qu’un réel esprit d’unité, d’équipe et un peu de famille se dégage de ces lieux que j’ai pu arpenter.
Prochaine visite à la brasserie avec la Villa Meteor, une expérience interactive pour partir à la découverte de la bière et de ses ingrédients. La brasserie ne se visitant plus, ce sera vers la Villa Meteor qu’il faudra vous diriger si vous vous rendez du côté d’Hochfelden.
La Villa Meteor
Tarifs
Visiteurs adultes : 8 €
Étudiants : 4 €
Gratuit pour les moins de 16 ans
Groupes (20-50 personnes 🙂 : 7 €
Infos et réservations :
http://www.brasserie-meteor.fr/villa-meteor
villa@brasserie-meteor.fr
03.88.02.22.44
6 rue du général Lebocq
67270 Hochfelden
Horaires d’ouverture 2018
De Juin à septembre, & décembre : du mardi au dimanche de 10h à 18h,
Du 15 au 28 février et en mars, avril, mai, octobre, novembre : du mercredi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h et le dimanche de 10h à 18h,
Jours fériés : Ouvert les jours fériés sauf les 16 et 17 avril et le 25 et 26 décembre.
Vous savez tout 🙂
J’ai eu la chance de travailler dans ces cuves de fermentation sous terraines en 1999. Bye bye.