Dégustation : Imperial Black IPA, Brasserie Matten
Comme le disent si bien les fans un peu relous et pas très originaux d’une célèbre série télévisée : “Winter is coming !” . Et ils n’ont pas tort si j’en crois mon thermomètre qui commence à tirer la tronche, tel un gendarme après qu’un ivrogne ait fini de pisser sur sa fourgonnette. Pour ce qui est de nous autres buveurs de bières, c’est la période de l’année où Mère Nature nous invite cordialement à nous abreuver de nectars mazoutés avec amour afin de surmonter au mieux la rude saison qui nous attend. Voilà qui tombe à pic car la cigogne vient justement de me livrer l’Imperial Black IPA de chez Matten.
J’ai la puissance du Diesel !
Pas de chichi ici puisque le nom de cette bière affiche cash le style qu’elle renferme en son sein : une Imperial Black IPA, tout simplement. Pour vous mettre en confiance ou vous faire languir, sachez que la petiote est tout de même repartie du Concours Général Agricole 2017 de Paris avec une médaille d’argent dans la catégorie “Bière Noire”. Balaise, et respect à Jacques pour la performance.
Imperial Black IPA donc, à savoir une bière noire avec des notes torréfiées et un haut degré d’alcool à l’instar des Abysses de Baggersee de Bendorf, mais avec un bon gros coup de boost houblonné en supplément. Autant les Black IPA sont relativement bien présentes dans les moeurs des brasseurs, y compris alsaciens (citons l’Antisociale de Sainte-Cru, la Rêves d’Étoile de Bendorf ou encore la Black IPA de Boum’r), autant sa variante Imperial est tout de suite moins courante. On peut donc saluer l’initiative et la prise de risque.
Fiche technique de l’Imperial Black IPA
- Bière de style Imperial Black IPA,
- 8,2% alc.,
- Malts : à venir,
- Houblons : Brewer’s Gold, Columbus, Chinook, Simcoe,
- Bière de fermentation haute.
Dégustation
Colorimétriquement parlant, cette bière de compétition affiche un brun profond qui se transforme en noir impénétrable une fois dans le verre. On remarque au passage que le fluide semble avoir de la consistance, signe d’un nectar riche en matière. Miam miam miam… Oscillant entre le beige foncé et le brun clair, la mousse s’apparente à celle d’un expresso avec sa crème qui ne demande qu’à être léchouillée. Et point d’obsolescence programmée car celle-ci se révèle être relativement tenace sur la durée.
Étrangement, cette Imperial Black IPA dispose d’un nez qui peut faire penser à du charbon peu de temps après l’ouverture. Pas vraiment de senteur torréfiée, ce qui peut surprendre pour une bière du genre. Dans la même veine, les houblons manquent également à l’appel, ce qui est un peu décevant pour de l’IPA. Fort heureusement, les coquinous finissent par prendre le dessus à mesure que le liquide se réchauffe, avec des notes d’agrumes allant sur l’orangé et le pamplemousse.
En bouche ça s’avère être aussi liquoreux que le laissait présager le remplissage du verre. Là aussi les notes torréfiées ne sont pas aussi balaises que ce que l’on pourrait croire. C’est léger, c’est doux, et de la même manière les houblons se réveillent lorsque la température du breuvage se montre plus clémente. Ce sont à nouveau les agrumes qui font acte de présence, avec une pointe de résineux en renfort. Attendez encore un peu et vous ferez connaissance avec des invités surprise : caramel, moka et beurre salé. Des invités de goût ! D’où l’importance de respecter les températures de service en fonction du style de la bière, alors ne sous-estimez pas ce détail ! Dans le cas présent, servez aux alentours des 13-15°C et ce sera nickel.
En terme de sensations, cette Imperial Black IPA offre une bonne rondeur générale ainsi qu’une amertume pas bien violente. Bien qu’affichant 8,2 watts au compteur, on ne peut pas dire que l’alcool tabasse méchamment.
L’étiquette de cette Imperial Black IPA a beau nous avertir que nous sommes en présence d’une recette hardcore, ce n’est que de l’amour ! Point d’agressivité, tout est subtil, tout est délicat, tout n’est que tendresse, qu’il s’agisse des arômes liés à sa noirceur, de son houblonnage ou de son degré d’alcool. Pour le coup Matten a voulu se la jouer grosse brute épaisse antipathique mais comme bien souvent, c’est un gros nounours au coeur tendre qui se cache derrière cette rude carcasse.
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